Lettre ouverte de Solidarités Jeunesses, « Ensemble contre les inégalités d’accès à la mobilité internationale »
17 Sep 2024
Par SOLIDARITÉS JEUNESSES
L’association Solidarités Jeunesses formule dans une lettre ouverte l’importance de la mobilité internationale pour un accès égal aux opportunités d’apprentissage et signale les difficultés rencontrées ces deux dernières années dans l’obtention de visas.
« Nous, associations de volontariat international, agissons quotidiennement pour la construction de la paix. Nos salarié.e.s, nos bénévoles et nos volontaires s’engagent pour déconstruire les barrières culturelles, sociales et générationnelles.
Nous sommes convaincu.e.s du bienfondé de l’éducation populaire et de ses méthodes dans ce travail. Pour cela, nous accueillons des volontaires venant du monde entier sur nos projets, sur des chantiers internationaux ou en volontariat long-terme, à travers des dispositifs comme le Service Civique ou le Corps Européen de Solidarité. La présence de volontaires internationaux nous permet de faire vivre cette mixité au cœur de nos territoires d’action : ils et elles participent activement au décloisonnement des sociétés et à la déconstruction des préjugés. Ces volontaires donnent de leur temps et mettent leur énergie au service de projets collectifs, porteurs de sens, et ce dans une dynamique réciproque d’apprentissage mutuel.
En 2022 et en 2023, nous avons pourtant rencontré de nombreuses difficultés concernant l’attribution des visas aux volontaires que nous souhaitons accueillir sur nos différents projets. Ces visas sont indispensables à leur venue en France et les problèmes de délivrance mettent à mal notre idéal de mixité interculturelle, ainsi que la tenue de certains projets. Les difficultés sont de plusieurs ordres :
Le refus de délivrance de visa, aux motifs multiples : « risque migratoire », « les informations communiquées pour justifier l’objet et les conditions de séjour envisagé sont incomplètes et/ou ne sont pas fiables »… Nous travaillons à l’année avec les structures d’envoi, qui sont partenaires de nos réseaux internationaux et avec qui nous entretenons des relations de confiance. L’identification et la préparation des volontaires se fait entre nos structures en France et nos associations partenaires, ce qui permet d’assurer le respect des règles et le retour des volontaires dans leur pays une fois le volontariat terminé. Malheureusement, les recours déposés auprès de la Commission des Recours contre les décisions de Refus de Visé d’entrée en France n’aboutissent jamais. Des volontaires de plusieurs nationalités (Turquie, Kenya, Vietnam, Russie…) ont été concernés en 2022-2023.
La méconnaissance des ambassades et des consulats des différents dispositifs de volontariat, qui peut conduire à la délivrance de mauvais visas. Des ambassades délivrent en effet le visa « Volontaire », réservé à des volontaires du Corps Européen de Solidarité, aux volontaires extra-communautaires en Service Civique. Le soutien de l’Agence nous est précieux pour résoudre ces problématiques ; toutefois, malgré ce soutien et la diffusion du guide de France Volontaires, des visas erronés continuent d’être délivrés. Cela entraîne des arrivées très retardées et des frais supplémentaires (nouvelle demande de visa, achat d’un nouveau billet d’avion).
Les difficultés rencontrées par les volontaires pour déposer une demande de visa. Il n’y a parfois aucun rendez-vous disponible pour les visas « Volontariat » ou « Long Séjour Temporaire ». Nous bénéficions du soutien de France Volontaires dans les pays où des équipes sont présentes, mais l’arrivée des volontaires peut s’en retrouver très retardée. Dans certains pays, les volontaires doivent avoir recours à des intermédiaires qu’ils rémunèrent pour obtenir un rendez-vous. Les frais de visa sont également très onéreux, notamment dans un contexte d’inflation généralisée. Le visa « Long Séjour Temporaire », nécessaire à la réalisation d’un volontariat de Service Civique en France, coûte généralement 99 euros. Le visa « Volontaire », environ une quarantaine. A cela s’ajoutent les trajets entre le domicile et l’ambassade, qui peuvent parfois s’élever à plusieurs centaines d’euros quand deux demandes de visa sont nécessaires, situation malheureusement fréquente. Cet obstacle financier rend difficile, voire impossible, la mobilité d’un grand nombre de jeunes, même lorsque ces frais de visa sont remboursés a posteriori.
Ces problématiques constituent autant d’obstacles à la mobilité internationale. Le travail déployée par nos organisations et nos partenaires internationaux pour offrir ces opportunités aux jeunes volontaires peut s’avérer infructueux. La réciprocité des échanges est pourtant une de nos valeurs fondatrices et donne pleinement son sens à nos actions en faveur de l’échange interculturel. Or, les difficultés susmentionnées les mettent aujourd’hui en péril.
Nous souhaitons aujourd’hui réaffirmer notre engagement pour un monde ouvert, où la mobilité internationale ne demeure pas l’apanage des jeunes les plus favorisés, et pour un accès égal aux opportunités d’apprentissage permis par nos projets de volontariat. »
Le Cnajep permet aux mouvements de Jeunesse et d’associations d’Éducation Populaire de se rencontrer pour créer un espace de dialogue, de concertation et de représentation auprès des pouvoirs publics sur les questions concernant la Jeunesse et l’Éducation Populaire.