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Prise de position des Céméa du 16 avril 2020.
« Il y a toujours un paradoxe à penser la vacance, et les vacances comme un espace-temps pour des apprentissages. Dans notre héritage de l’éducation populaire aux Ceméa, nous avons eu bien des débats : oui les centres de vacances, la colo sont des lieux d’apprentissage, de socialisation que nous souhaitons le plus accessible possible au plus grand nombre.
Pour peu que les projets éducatifs et pédagogiques soient pensés et réfléchis au service de cette dimension. C’est un espace, avec l’enjeu fort de partir, où maîtrisant des paramètres importants du vivre ensemble, les équipes d’animation savent s’adapter aux situations, au contexte, au milieu, en respect du besoin de la vacance, de chacun, chacune, différent des autres. Vaste ambition portée au quotidien par des militants éducatifs engagés dans l’animation volontaire où s’opèrent bien des apprentissages. Les séjours de vacances ont évolué et les organisateurs sauront alors se réinventer dans ce contexte de crise sanitaire ! De nombreux exemples passés en témoignent : la dimension Hygiène (à l’époque les enfants étaient pesés le premier jour), l’arrivée de la vaccination, la prise en compte de situations familiales complexes, l’arrivée du temps libre, les interdictions de rassemblement dans des situations à risque… Les acteurs de l’éducation populaire et des temps de loisirs ont su et sauront faire face.
Allier découverte, dépaysement et apprentissage
La crise actuelle révèle et creuse encore bien des inégalités. Serons-nous capables de résister à la tension existante, portée par le ministre de l’Education nationale inquiet d’avoir « perdu » certains élèves dans les apprentissages liés à une discontinuité des liens à l’école et de souhaiter les remobiliser « scolairement » pendant un temps de vacances ? Les classes de découvertes sont des expériences qui témoignent dans un rapport différent aux autres, au temps et à l’espace, que ce sont des lieux pour tenter des possibles avec les élèves les plus en difficulté, en appui sur des pédagogies différentes. Les séjours linguistiques ainsi que les Mobilités apprenantes (par essence), allient aussi découverte, dépaysement et apprentissages. Alors, relevons le défi d’un collectif apprenant par et pour ceux qui sont en besoin, articulé à un contexte de découverte d’un nouvel environnement, hors du lieu traditionnel qu’est l’école. Les enfants auront besoin de partir, le dispositif d’écoles ouvertes, ne doit pas se substituer à de vraies vacances hors du quotidien habituel de son quartier ou de son village. Optons pour des scénarios qui offrent des vacances collectives, accueillant des publics hétérogènes, sans aucun doute éducatives, permettant l’évasion, tout en restaurant des apprentissages nécessaires, des capacités à faire, à être ensemble, après ce temps de confinement, pour préparer une nouvelle rentrée à l’école. Éducative la colo, certainement, mais dans cet équilibre : pour donner de l’appétit, pour conjuguer avec d’autres des savoirs, pour rattraper le temps des copains et des copines, retrouver des relations humaines, ludiques, affectives, sensibles et faire, ensemble, vivre en groupe, agir, rire… et donc se préparer pour un retour à l’école, gonflé à bloc !
Une volonté d’engagement, face à un bel enjeu
Associez-nous, Monsieur le Ministre, associez les acteurs de l’éducation populaire et du champ des loisirs collectifs dont c’est l’ambition. Pour y mettre aussi de l’engagement et du volontariat de jeunes mais aussi de citoyen.ne.s très largement. Nous ferons valoir notre expérience de cette diversité de séjours et de propositions ; nous mobiliserons les acteurs et les équipes dédiées, particulièrement celles engagées dans l’Animation volontaire (formées au BAFA/D).
Trouvez des moyens spécifiques, Monsieur le Ministre, pour que l’espoir du dé-confinement et sa nécessité psychique se traduisent ensuite par des départs respectueux des consignes sanitaires, et des équipements nécessaires (masques pour exemple). Des financements importants seront nécessaires pour assurer l’accessibilité pécuniaire aux enfants qui en ont vraiment besoin. Ceci implique sans nul doute de réorienter des budgets – par exemple ceux du SNU, réforme qui n’est peut-être, comme d’autres, plus d’actualité ! Ces fonds profiteraient utilement aux familles (hébergement et transports), particulièrement à tous ceux et toutes celles qui ne partiraient pas cet été, et qui ne partaient déjà pas avant, mais pour qui, pourtant c’est tellement nécessaire.
Nous associerons les parties prenantes de la communauté éducative, les collectivités locales, nous sommes prêts à travailler avec les services déconcentrés de l’Etat pour construire ces centres de vacances nouveaux. Nous envisagerons de la mixité à tous les étages, il est urgent de refaire société… Et si les départs se font moins loin cet été, ils seront malgré tout dépaysants.
Nous sommes prêts à relever ce défi. »
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