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Le projet de service national universel obligatoire (SNU) est au cœur des discussions du Cnajep depuis les annonces du Gouvernement. Le premier positionnement du Cnajep a été celui de la réserve pour ce projet étant donné le peu d’éléments d’information dont nous disposions.
Depuis, des auditions ont été organisées. Des rencontres avec le cabinet du ministre Jean-Michel BLANQUER ont permis d’en discuter. Aujourd’hui, le SNU se précise. L’enquête du Gouvernement ou le sondage du Cnajep réalisé par l’IFOP montrent que les jeunes sondés y sont plutôt favorables même s’ils ne voient pas précisément de quoi il s’agit.
Au Cnajep, certaines associations y demeurent opposées considérant :
D’autres associations demeurent réservées considérant que le flou persiste en ce qui concerne les contenus de la phase 1.1 ainsi que les méthodes et les personnels qui en auront la charge, concernant les modalités de la phase 1.2 et de façon générale concernant l’organisation de ce SNU.
D’autres associations enfin ne sont pas nécessairement enjouées par le cadre proposé mais s’interrogent ainsi : comment ne pas contribuer, ne pas être force de propositions pour un tel projet qui doit à terme concerner 800 000 jeunes ? Pourquoi ne pas faire valoir nos savoir-faire, nos diversités d’approche puisque les associations de jeunesse et d’éducation populaire sont sollicitées et attendues ? Peut-on, doit-on faire le pari d’une mise en œuvre du SNU qui fait une place aux savoir-faire de l’éducation populaire et à la diversité de nos formes d’engagement ? Peut-on, doit-on faire le pari d’une mise en œuvre du SNU qui s’inclue dans un parcours citoyen plus large et dans une politique de jeunesse plus ambitieuse ?
Le Cnajep qui est dans l’interlocution avec les pouvoirs publics continuera à porter ces éléments dans le débat.
Des éléments d’analyse à mettre en regard des chiffres …
Le Cnajep pense que les questions de défense nationale doivent dépasser leurs dimensions militaires : elles relèvent également – et peut-être plus encore – de l’éducation et de la formation des citoyens et des citoyennes dans un objectif exigeant d’éducation à la paix, sociale et civile, en France et dans le monde, de façon indissociable.
C’est pourquoi le Cnajep insiste pour que cette question de sécurité et de défense nationale ne soit pas traitée dans le cadre du SNU que sous l’angle militaire. Le SNU a-t-il pour ambition de répondre aux enjeux de sécurité et de lutte contre le terrorisme ? Si oui, celui-ci permettra-il d’y répondre ?
Les jeunes citent l’accès aux soins, la lutte contre la pauvreté et l’éducation (prioritairement derrière la question de la sécurité) comme des enjeux prioritaires de politique générale. Un signal fort que le gouvernement doit prendre en compte.
Dans un contexte d’élections européennes en 2019, ce résultat inquiète particulièrement le Cnajep. La montée des populismes et des nationalismes dans un certain nombre de pays d’Europe devrait placer les prochaines élections européennes au cœur de nos préoccupations. Le Cnajep verrait une opportunité à ce que le Gouvernement prenne la mesure de ce chiffre et engage des actions en ce sens. Il pourrait par exemple s‘appuyer sur la campagne Provox « Jeunesse, Europe, Educ’pop »[1] dans laquelle les jeunes font des propositions concrètes pour rendre moins compliqué les programmes de mobilité, pour faciliter la connexion entre les jeunes et le niveau européen, …
Le Cnajep réaffirme en effet le fait que les jeunes méritent une politique de jeunesse transversale et ambitieuse qui réponde à leurs besoins et les considère comme une richesse et non un problème à résoudre. Oui, il faut investir mais investir vraiment dans la jeunesse. Or, ceci soulève au moins une remarque fondamentale selon nous concernant le SNU : si ce rendez-vous donné à l’ensemble des jeunes remplit ses fonctions, s’il permet de détecter des besoins en santé, s’il suscite des volontés d’engagement, … il faut impérativement assurer le suivi des diagnostics et répondre aux souhaits d’engagement des jeunes. Il nous semble donc nécessaire d’améliorer et de renforcer un certain nombre de dispositifs existants notamment les plus inclusifs pour « assurer la suite », en dehors d’un cadre obligatoire.
Ce qui pour nous pose la question de la place de ce projet « SNU », dont l’impact financier et organisationnel n’est pas marginal, dans une politique de jeunesse plus globale.
Bien que le SNU se précise, des zones restent en effet floues et les jeunes comme tout le monde sont dans l’expectative.
Le Cnajep n’est pas surpris de cela. Au Cnajep, nous défendons la diversité des formes d’engagement car il appartient à chacun.e de découvrir ce qui le rend à la fois heureux et utile dans un collectif. Cette découverte de soi et des autres doit se réaliser dans un parcours dès la petite enfance et se poursuivre tout au long de la vie.
C’est pourquoi, ce projet de « SNU » doit s’inscrire dans une cohérence éducative qui ne prend pas les jeunes à un instant T mais sait regarder leurs parcours d’émancipation.
En effet, pour nous, la mixité, la cohésion, l’engagement ne se décrètent pas. Ils sont favorisés par des espaces de rencontre et de « faire ensemble » et se construisent sur du long terme.
Si nous reconnaissons l’intérêt de se faire rencontrer l’ensemble des jeunes dans un temps donné, il nous semble tout aussi important de considérer ce moment comme étant une partie d’un parcours citoyen : de la sensibilisation à l’information, à la découverte jusqu’à l’envie de poursuivre son engagement volontairement. Les compétences civiques et sociales se découvrent et s’acquièrent à l’école et en dehors, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie.
Ainsi les jeunes estiment que le SNU peut être une chance pour la jeunesse (mais le questionnaire ne demandait pas en quoi) mais ils répondent également qu’il ne résoudra pas forcément les problèmes des jeunes.
L’adhésion au SNU n’est-elle pas liée au fait que le Gouvernement mette la lumière sur les jeunes et qu’ils se sentent par là même considérés ? Les jeunes ont besoin de confiance, de considération et de responsabilités. Pour le Cnajep, il est nécessaire de renforcer la participation des jeunes à l’élaboration des politiques publiques[2] et de favoriser leur participation dans les espaces de décisions.
La préoccupation concernant l’image de la jeunesse nous interpelle particulièrement. Pourquoi dans la société actuelle les jeunes expriment-ils le besoin de « redonner une bonne image » de la jeunesse ? Pour le Cnajep, le projet de SNU ne doit pas accentuer cette idée en faisant peser uniquement sur la jeunesse le besoin de renforcer la cohésion nationale et l’engagement.
[2] La participation politique des jeunes, un enjeu national ; Cnajep, 2016
[3] Le Cnajep s’engage pour la diversité des engagements ; Cnajep, 2017
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